L’OTAN veut-il attaquer le Mali ? 

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L’Espagne envisage plaider pour une plus grande implication de l’Alliance atlantique en Afrique du Nord et au Sahel. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, a déclaré jeudi qu’il n’excluait pas une intervention de l’OTAN au Mali si nécessaire, après que le sommet de l’alliance à Madrid a mentionné le terrorisme parmi les « menaces hybrides » que des puissances hostiles peuvent utiliser pour miner sa stabilité. 

Actualité en Afrique :

Sénégal : Lancement des travaux de réhabilitation de quatre stades financés par la Chine.

RDC/ Faceau M23, Tshisekedi déterminé : "nous n'admettrons ni transaction ni compromis"

Côte d'Ivoire : La capacité de la centrale thermique d'Azito a été portée à 710 MW

Togo-Chine : Les échanges commerciaux passent à 3 milliards de dollars en 2021 (+33%)

Analyse de la rédaction :

1. Reconfiguration du monde, l’Afrique courtisée, convoitée, tiraillée 

Ces derniers jours, une avalanche de sommets a eu lieu : G7 en Bavière, BRICS à Pékin, Commonwealth à Kigali et le plus conséquent d'entre eux, celui de l'OTAN, s'ouvre ce 28 juin à Madrid. Le seul mantra commun de ces réunions de chefs d'Etat pourrait être "choisis ton camp camarade". Dans cette division du monde qui se dessine entre les États-Unis et leurs alliés d'une part, la Russie et la Chine d'autre part, les pays "non-alignés" sont particulièrement courtisés. L'Inde, le Sénégal et l'Indonésie, qui ont refusé d'imposer des sanctions à la Russie, ont été invités en Allemagne. Depuis les votes à l'Assemblée générale des Nations unies sur les sanctions contre Moscou, les États africains qui se sont abstenus font également l'objet d'une campagne de séduction. La guerre en Ukraine a ainsi accéléré et renforcé le mouvement de tectonique des plaques déjà amorcé depuis plusieurs années sur le continent. Les grandes et moyennes puissances poussent leurs pions et tentent de découper les restes de ce que l'on appelait autrefois le " pré-carré français ". L'arrivée du Togo et du Gabon dans le Commonwealth est un nouvel épisode de ces luttes d'influence, qui se jouent aussi entre alliés. 

Togo et Gabon embrassent la couronne d’Elisabeth II 

Le Togo et le Gabon, deux anciens bastions de la zone d'influence française, ont donc rejoint le Commonwealth. Mais qu'est-ce qui a poussé ces deux États à prêter allégeance à la couronne britannique, la reine Élisabeth II étant toujours à la tête de cette organisation ? Qui ou quoi les a incités à rejoindre une alliance "néo-coloniale", issue de l'empire britannique, à l'heure où le panafricanisme fait rage ? On dit ici et là que les raisons sont économiques. Ce n'est pas le cas. Il s'agit avant tout de décisions politiques qui confirment le divorce avec Paris, même si les deux pays restent membres de la Francophonie. D'ailleurs, les deux présidents ne le cachent pas. Ali Bongo a déclaré début 2022 que son adhésion représentait un "tournant géopolitique majeur dû à la nécessité d'appartenir à un autre espace multiculturel dans un monde globalisé". Faure Gnassingbé parle d'un renouveau "historico-politique", rien de moins. Ces deux pays rejoignent ainsi le monde anglo-saxon, ils rallient une alliance censée défendre, comme le prétendent ses textes, une langue, l'anglais, et les "valeurs" occidentales : la démocratie, les droits de l'homme, l'État de droit. 

Que ce sommet se tienne à Kigali au moment où Londres est accusé de sous-traiter ses migrants au Rwanda, n’a pas posé de problème de droits de l’Homme. 

Que ce sommet se tienne à Kigali au moment où le Rwanda est accusé par le groupe d'experts de l'ONU d'avoir attaqué et endeuillé une nouvelle fois la République démocratique du Congo par le biais du groupe armé M23, n'a pas non plus fait ciller les participants. 

Le prince Charles, présent aux festivités, a néanmoins fait le sacrifice de la traditionnelle minute de repentance en pareille occasion. "Je ne peux pas décrire la profondeur de ma tristesse personnelle devant la souffrance de tant de personnes, alors que je continue à approfondir ma compréhension des effets durables de l'esclavage. S'apitoyer sur les horreurs du passé tout en restant aveugle à celles du présent est un exercice d'un rare cynisme. 

Mais on s'en fiche, car l'enjeu est ailleurs. Le déclin français combiné à l'illisible politique africaine de Paris a éveillé les appétits, et il s'agit maintenant de s'implanter dans son ancienne zone d'influence. Le Tony Blair Institute for Global Change, de plus en plus présent en Afrique francophone, est aux commandes d'un intense lobbying depuis plusieurs années. Pour rappel, l'ancien président malien, Bah Ndaw, avait également fait appel à ses services pour modifier la constitution de son pays. Mais l'affaire est tombée à l'eau après le "coup dans le coup" de mai 2021. Un autre artisan de ce ralliement à l'anglosphère est Paul Kagame. 

Un président rwandais assez peu reconnaissant puisque depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, ce dernier n’a cessé de se rapprocher de cet ancien ennemi de la France et de lui faire des cadeaux. Il lui a offert sur un plateau la francophonie, en faisant élire à la tête de cette institution l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, en octobre 2018. (Depuis cette date d’ailleurs, l’OIF est atone, jamais elle n’a été aussi absente de tous les grands sujets.) Autre signe de l’idylle entre Paris et Kigali, un projet de coopération militaire, qui devrait être étudié dès le mois de juillet. Après deux décennies de tensions extrêmes entre les deux États, signer un partenariat sécuritaire avec ce pays au moment où il attaque la RDC dénote un sens du timing tout à fait singulier de la part de la diplomatie française. 

Ceci n’a bien entendu pas échappé aux dirigeants occidentaux réunis dans les montagnes bavaroises, souriant allègrement en cette période de guerre en Europe et affichant leurs tenues décontractées. Pour rappel, lors de ces sommets, Jacques Chirac a toujours gardé la cravate refusant obstinément de se prêter à cette mise en scène infantile. Pour concurrencer le programme chinois de la route de la soie (BRI) et pour tenter de ramener dans leur camp quelques récalcitrants non-alignés, le G7 a décrété la relance de l’initiative Build Back Better World, qui doit lever 600 milliards de dollars pour des investissements à destination des pays à revenus faible ou intermédiaire. Comme toujours avec ces effets d’annonce, rien n’est détaillé. Personne ne sait donc où, quand, comment, ces fonds seront dispensés. Il en faudra sûrement plus pour convaincre. 

En revanche, pour freiner la poussée de la Russie en Afrique (après le Mali et la Centrafrique, la RDC vient de relancer sa coopération militaire avec Moscou) point de monnaie sonnante et trébuchante. Les États-Unis ont fait le choix de la coercition. La chambre des représentants a déposé un projet de loi, le Countering Malign Russian Act. Ce projet qui ne manquera pas d’être voté par le Sénat demande au secrétaire d’État américain d’élaborer une stratégie pour « contrer l’influence et les activités malveillantes du Kremlin » sur le Continent, avec à la clé, l’habituelle boîte à outils des sanctions. 

Enfin, il faut attendre la fin du sommet de l’OTAN à Madrid pour savoir à quoi l’Afrique doit s’attendre dans ce basculement des plaques tectoniques. Se dirige-t-on vers une OTAN plus active et plus présente sur le Continent ? Ou carrément une OTAN pour l'Afrique ? À suivre… 

2. Mali: la Minusma reste, mais ça chauffe pour elle ! 

Ce mercredi 29 juin 2022, le conseil de sécurité des Nations Unies a renouvelé le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali. Le gouvernement du Mali dit regretter le fait que « certaines de ses réserves fortes ont été ignorées ». 

Le Mali a déclaré ce jeudi, être « au grand regret de constater que certaines de ses réserves fortes ont tout simplement été ignorées dans la version finale de la résolution » du Conseil de Sécurité de l’ONU qui acte la prolongation du mandat de la MINUSMA sur son territoire. Bamako a ainsi, fait ses mises en garde à l’ONU. 

Avec 13 voix pour, 0 abstention et 02 contre (Chine et Russie), le Conseil de Sécurité de l’ONU a prolongé d’un an, le mandat de la Mission multidimensionnelle pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). «Le Gouvernement du Mali prend acte de la résolution que vous venez juste d’adopter et qui renouvelle le mandat de la MINUSMA pour une année supplémentaire», a réagi Issa Konfourou, Ambassadeur représentant permanent du Mali auprès de l’ONU. 

Le diplomate a déclaré que le Mali est « au grand regret de constater que certaines de ses réserves fortes ont tout simplement été ignorées dans la version finale de la résolution que vous venez de voter ». « Le Gouvernement du Mali estime que les enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’Homme relèvent de la responsabilité principale des autorités maliennes ». 

Toujours sur le sujet, Issa Konfourou a rappelé, dans le communiqué officiel, que « la MINUSMA a vocation à leur apporter l’assistance nécessaire à cet égard. Elle n’a pas vocation à se substituer au Gouvernement du Mali ». 

Le diplomate souligne par ailleurs, que « le Gouvernement du Mali réitère son opposition ferme à la liberté de mouvement de la MINUSMA dans l’exécution de son mandat dans le domaine des droits l’Homme. Le Mali a toujours coopéré de bonne foi avec la force onusienne depuis sa mise en place, en 2013 ». Il a en outre insisté que « pour des impératifs de respect de la souveraineté du Mali, de coordination et de sécurité, les mouvements de la MINUSMA ne peuvent se faire qu’avec l’accord des autorités compétentes maliennes ». 

Issa Konfourou rappelle toutefois que son pays « n’est pas à mesure de garantir la liberté de mouvement pour des enquêtes de la MINUSMA sans l’accord préalable du Gouvernement. Par conséquent, le Mali n’entend pas exécuter ces dispositions, malgré leur adoption par le Conseil de sécurité ». 

Dans ce nouveau mandat, la MINUSMA n’aura plus l’appui aérien des forces françaises.  

Pour les autorités maliennes, le Conseil de sécurité doit plutôt permettre à la MINUSMA « de se consacrer à l’appui pour la restauration de la sécurité et l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ». 

Rappelons que le ministre des affaires étrangères, dans son exposé devant ce conseil le 13 juin à New York, avait demandé à ce que la nature de la MINUSMA soit adaptée pour mieux protéger les populations. 

« Et la non-adaptation du mandat de la mission onusienne », enlève du sens à son renouvellement aux yeux des autorités, explique monsieur Boubacar Bocoum. Pour cet analyste sécuritaire, les réserves soulignées par le gouvernement sont justifiées. 

Cette décision était tout à fait attendue.  

Même histoire pour la Centrafrique où la France a été obligée de se retirer de ce pays d’Afrique centrale, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique à tout fait pour se maintenir en place dans le but de continuer à avoir une main mise sur le pays. D’ailleurs, on a pu constater de nombreuses tentatives de déstabilisation dans le pays ces dernières années. Réarmement des groupes rebelles ou encore la planification de l’assassinat du président centrafricain Faustin Archange Touadera par des commandos français sous la bannière de l’ONU, en février 2022. 

Les quatre militaires de l'armée française opérant sous la bannière de l'ONU arrêtés en Centrafrique et accusés d'avoir voulu "assassiner" le chef de l'État avaient finalement été remis en liberté sans poursuites le 24 février. 

En vertu de l'accord qui régit les relations entre la Mission de maintien de la paix de l'ONU et le gouvernement, "on ne peut pas les entendre devant un juge et, face à cet obstacle, le parquet a décidé de classer sans suite", a déclaré Didier Tambo, le procureur général de la cour d'appel de Bangui. 

Les intentions de ces missions de l’ONU sont claires, contribuer à la déstabilisation du pays. Malgré les nombreuses manifestations contre la présence de la Minusca, l’ONU a tout de même décidé de garder sa présence, pourtant jugé inutile dans la lutte contre l’insécurité en Centrafrique.  

Pour le cas du Mali, la Minusma montre ce qu’elle a l’intention de faire. Il était clair qu’elle allait garder sa présence sur place.  

De son côté les États-Unis se montrent également menaçant à l’encontre du Mali. 

Les États-Unis ont vivement dénoncé jeudi dans un communiqué la volonté du Mali de ne pas appliquer les dispositions du nouveau mandat de la force de l'ONU Minusma, adopté la veille par le Conseil de sécurité de l'ONU. « Les États-Unis sont profondément préoccupés par la déclaration du gouvernement de transition malien exprimant son intention de refuser à la Minusma la liberté de mouvement nécessaire à l'accomplissement de son mandat », a déclaré dans ce communiqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. « Agir ainsi serait une violation flagrante de l'accord sur le statut des forces (SOFA) que le gouvernement de transition est tenu de respecter », a-t-elle ajouté. 

Ce qui se passe en Centrafrique, c’est que la Minusca est très contrôlé par les Autorités locales et leurs alliés russes. C’est exactement ce que veulent faire les Autorités maliennes. Bamako doit les surveiller de très près pour éviter que le pays ne soit déstabilisé.  

De grande manifestation pourrait également s’organiser pour montrer l’indignation de la population face au renouvellement de ce mandat de l’ONU. Car c’est tout de même le peuple malien qui a réussi à chasser la France de son territoire. 

3. L’OTAN veut attaquer le Mali ? 

L’Espagne envisage plaider pour une plus grande implication de l’Alliance atlantique en Afrique du Nord et au Sahel. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, a déclaré jeudi qu’il n’excluait pas une intervention de l’OTAN au Mali si nécessaire, après que le sommet de l’alliance à Madrid a mentionné le terrorisme parmi les « menaces hybrides » que des puissances hostiles peuvent utiliser pour miner sa stabilité. 

Le terrorisme est pour l’Otan au nombre des “menaces hybrides” à même de saper sa stabilité. À l’instigation de l’Espagne, avec le soutien de l’Italie, le “concept stratégique” révisé de l’Otan cite le terrorisme et les migrations comme des éléments à surveiller, et désigne le flanc Sud comme une nouvelle source potentielle d’instabilité. 

L’intervention militaire de l’OTAN derrière le chaos libyen 

Le 19 mars 2011, les occidentaux ont entamé des opérations militaires contre les installations militaires de la Libye. Le 31 mars de la même année, les opérations militaires passent sous la responsabilité de l’OTAN. Menée pendant sept mois sous la direction des Etats-Unis, cette intervention de l’OTAN conduira à la mort de Mouammar Kadhafi et la chute de son régime en octobre 2011. 

En 2016, un Comité des affaires étrangères de la Chambre des communes du Parlement britannique, dirigé par le député conservateur Crispin Blunt, a produit un rapport-choc, intitulé « « Libya : Examination of intervention and collapse and the United Kingdom’s future policy options », sur l’intervention du Royaume-Uni en Libye en 2011. Selon ce rapport, les objectifs du président français Sarkozy en intervenant en Lybie avec l’appui de l’Otan étaient de cinq ordres : 1. Le souhait d’obtenir une plus grande part de la production de pétrole libyen; 2. Accroître l’influence française en Afrique du Nord; 3. Améliorer la situation politique de Sarkozy en France; 4. Permettre aux armées françaises de réaffirmer leur présence dans le monde; 5. Répondre aux projets de Kadhafi de supplanter la France en Afrique francophone. 

L’OTAN est déjà indirectement présente au Mali, dans le cadre d’un soutien logistique de la part de pays membres. Mais certains analystes estiment qu’une intervention militaire est très peu probable. 

L’opération de l’OTAN en 2011 en Libye a montré le vrai visage de l’OTAN et de ses alliés dans la région et dans le monde. Et beaucoup se demande comment ils vont pouvoir faire accepter politiquement une opération militaire de l’OTAN aux pays africains 

Selon les oligarques occidentaux, la responsabilité de la communauté internationale dans la zone sahélienne est d’accompagner l’action militaire par des projets de développement, de gouvernance et de coopération régionale. Or l’OTAN n’a pas d’outils pour accompagner les pays de la sous-région en la matière. L’OTAN n’est qu’un outil de destruction et rien d’autre. 

Le renouvellement du mandat de la Minusma entrerait dans ce cadre, pour permettre à l’ONU de baliser le terrain en vue de faire intervenir l’OTAN au Mali et dans le Sahel et par la même occasion, y installer une base dans la région. 

Le secrétaire général Jens Stoltenberg a annoncé un plan de soutien à la Mauritanie pour aider le pays à sécuriser ses frontières et à lutter contre la migration irrégulière et le terrorisme. Donc il compte utiliser la Mauritanie comme base arrière pour attaquer le Mali et les pays voisin ? 

Les alliances qui se forment de plus en plus en Afrique, et surtout l’influence grandissante du Mali dans sa lutte contre l’impérialisme commence sérieusement à faire peur à l'Occident. Ces alliances pourraient être fatal pour les néocolons. Car évidemment, si l’Afrique formait un seul bloc, plus personne ne pourrait plus rien faire contre ce continent. Et de là, les marges de manœuvre seraient du coup immense, comme par exemple une Cour pénal internationale africaine qui jugerai des nombreux crimes de guerre et violation des droits humains fait par les occidentaux sur le continent. Ou encore, la création d'un OTAN africain...! 

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