Le plan B de Paris pour éviter le naufrage ?
Les titres de la rédaction :
Côte d'Ivoire: la Chine prête à investir davantage
Pétrole : protocole d’accord entre la Guinée équatoriale et la RDC pour la construction d’une raffinerie
Est de la RDC : fin des négociations entre les autorités et les groupes armés à Nairobi
Mines en Guinée : les preuves qui impliquent la France dans une incroyable arnaque
Les analyses de la réfaction :
1. Mali/Guinée/Burkina
« La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest veut se doter d'une force militaire anti-terroriste et anti-coup d'État. » L'annonce a été faite, dimanche 4 décembre, à l'issue du sommet des chefs d'État de l'organisation, à Abuja puis le même jour le 62e sommet a donné jusqu’au premier janvier à Bamako pour qu’il libère les 46 soldats ivoiriens au-delà de quoi, tout pourrait lui arriver. A quoi assiste-t-on au juste ? A la tentative terriblement retorse d’une armée française qui expulsée du Mali, littéralement exsangue en Guinée et sur le point de tout perdre au Burkina, se cache misérablement derrière ses accointances locales au sein de la CEDEAO pour menacer la « première vraie coalition anti coloniale du siècle nouveau en Afrique de l’Ouest », à savoir celle que créent Mali-Guinée-Burkina, d’embargo économique et au besoin, d’action militaire. Car à quoi veut en venir RFI quand il prône une « force régionale » qui aura pour charge dixit les médias, « de combattre » à la fois le « terrorisme » et « les entorses à l’ordre constitutionnel » ? Et bien cela veut dire très exactement que dans l’optique d’une France désormais incapable de tenir face à la poussée souverainiste qui secoue l’Afrique de l’Ouest, le vent de changement qui souffle sur le Sahel et dont l’étendu est déjà arrivé à la côte relève du terrorisme ou ce qui revient au même ; tout État africain qui s’insurgerait contre le néocolonialsime est terroriste ! C’est d’ailleurs dans cette même optique qu’il convient de comprendre cet ultimatum du 1er janvier qui renvoie encore à l’affaire de ce commando ivoirien que le pro Occident Ouattara a cru bon d’envoyer à l’aéroport de Bamlako mais qui est littéralement tombé dans le piège du renseignement malien et dont les aveux constituent l’une des pièces à conviction les plus précieuses que détient l’État malien contre la France pour le jour où il aura à prouver la culpabilité française et ses crimes innombrables commis contre le Mali durant huit ans et le tout, sous l’étiquette o combien fallacieuse de lutte contre le terrorisme.
La question qui se pose d’emblée est la suivante : Le 2 janvier Bamako ira-t-il relâcher les militaires ivoiriens qui selon des sources auraient même demandé l’exile aux Maliens ? Bien sûr que non. Qu’est-ce qui va se passer alors une fois l’ultimatum expiré ? RFI parle d’un retour des sanctions mais c’est là une carte déjà joué et déjà perdue pour cause de solidarité interafricaine qui de la Guinée au Sénégal en passant par le Togo a fait un colossal échec de l’embargo anti Mali de l’été dernier. Que pourra donc de plus la France contre le trio Guinée-Mali-Burkina ? Strictement rien et ce d’autant plus que des milliers de volontaires viennent de rejoindre dans les trois pays précités les rangs de l’armée nationale, prêts à combattre jusqu’au bout non seulement le terrorisme mais surtout le néocolonialisme qui en est le vrai géniteur.
Alors à quoi bon de pousser la CEDEAO de créer une « force anti coup d’Etat » qui selon RFI a toutes les chances de rejoindre « l’initiative d’Accra », ce « pendant côtier » du G5 Sahel ? La réponse est bien facile à trouver si on s’intéresse de plus près à ce qui s’est passé en 10 ans de présence militaire française au Sahel : la « force anti coup d'Etat » de la CEDEAO qui a pour ambition de fusionner avec l'initiative d’Accra n’a qu’un objectif : déplacer l’épicentre de la guerre perdue de la France au Sahel sur la côte ou autrement dit à plonger la côte dans les affres du terrorisme.
2. RDC: les jeux politiques des USA et du Rwanda
Alors que la Communauté internationale est silencieuse par rapport aux massacres qu’il y a dans l’Est de la RDC, les États-Unis, qui soutiennent le Rwanda et donc les groupes rebelles dans l’Est de la RDC, ont eu une “bonne discussion” avec Kigali. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a échangé dimanche avec Paul Kagame sur le soutien de Kigali au M23. Le diplomate américain parle d’une discussion productive au cours de laquelle il a, dit-il, exhorté le Rwanda à honorer les engagements pris à Luanda, notamment en mettant fin au soutien du Rwanda au M23. Lundi, Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères, a commenté cette rencontre qu’il a qualifiée de « bonnes discussions ». Cependant, il a précisé que des « différences de compréhension de la question demeurent ». Il accuse la communauté internationale d’adopter « une approche erronée » qui aurait comme conséquence « d'exacerber le problème ». Selon Kigali, poursuit Vincent Biruta, une solution durable devrait prendre en compte quelques éléments, dont le « dysfonctionnement des institutions congolaises » qu’il a couplé au « soutien aux FDLR ». Le chef de la diplomatie rwandaise estime aussi qu’il existerait « une ingérence extérieure dans les efforts régionaux et continentaux » qui servirait à dédouaner la RDC de toute responsabilité. Le culot bat son plein.
Les États-Unis s’intéressent davantage à cette crise. Deux semaines plus tôt, le secrétaire d’État américain avait déjà exprimé à Vincent Biruta « la profonde préoccupation des USA face à la poursuite de la violence dans l'est de la RDC ». « J'ai appelé le Rwanda à prendre des mesures actives pour faciliter la désescalade », écrivait en marge du sommet de G20 à Bali, Antony Blinken. Est-ce un nouveau jeu politique entre les USA et le Rwanda pour faire perdurer la guerre dans l’Est de la RDC ? Plus personne n’est dupe. Pour rappel, il y a quelques jours de cela, la nouvelle de l’appui financier estimé à 20 millions de dollars que l’Union européenne a accordé à l’armée rwandaise a révolté les Congolais. Dans un communiqué de presse, plusieurs associations ont exprimé leur indignation de voir que l’UE finance ouvertement l’armée rwandaise, pourtant incriminée par un rapport des experts des Nations unies suite à son activisme sur le sol congolais, alors que la RDC est encore sous embargo pour les armes. Les Congolais savent pertinemment que les États-Unis et l’Union européenne financent le Rwanda et donc les groupes rebelles qui sont dans l’Est de la RDC.
À la place de financer l’armée rwandaise, Denis Mukwege avait appelé l’UE à sanctionner Kigali qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans la partie orientale de la RDC. Cette discussion vient tout de suite après le massacre de plusieurs centaines de civils innocents à Kishishe en territoire de Rutshuru dans le Nord-Kivu, où la Russie a d’ailleurs fortement condamné ce massacre. À travers un communiqué de son ministère des Affaires étrangères relayé sur les réseaux sociaux de son ambassade en République Démocratique du Congo, la Russie est convaincue que cet « acte barbare » visant l’extermination humaine de civils doit faire l’objet d’une enquête approfondie et que les auteurs doivent être sévèrement punis. Le tout dernier bilan de ce carnage perpétré par les terroristes du M23 et leurs supplétifs de l’armée rwandaise en date du 29 novembre dernier fait état de près de 270 morts. Au cours d’un briefing hebdomadaire co-animé dans la soirée du lundi 5 décembre par le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya et le ministre de l’Industrie et ex-gouverneur du Nord-Kivu, le gouvernement congolais a indiqué que les terroristes du M23 ont enterré les victimes de Kishishe dans des fosses communes pour effacer les traces de leur forfait.
Selon l’ancien gouverneur de la province du Nord-Kivu, l’armée rwandaise sous couvert du groupe terroriste M23 a procédé au massacre à Kishishe, dans le but de s’accaparer de la mine de Sonikivu où sont extraits les pyrochlores servant à la fabrication des fusées. « Maintenant quand vous voyez l’armée rwandaise aller vers Kishishe, c’est parce qu’on poursuit la mine de Sonikivu qui détient le pyrochlore. Le pyrochlore, c’est le minerai qui entre dans le cadre de la fabrication de fusée. Et c’est recherché dans le monde. Et c’est la mine de Sonikivu qu’on est en train de suivre effectivement là-bas. En lieu et place de combattre les FDLR, il est sorti de la RDC comme premier producteur du coltan et de la Casiterite. Est-ce que c’est le coltan et la Casiterite qui constituent les FDLR au Congo », a-t-il révélé. Le gouvernement a par ailleurs dénoncé une stratégie d’élimination d’une communauté congolaise par les Rwandais et un génocide planifié de Congolais qui serait en cours d’exécution. Entre-temps, le gouvernement a renseigné que la ministre de la Justice séjourne actuellement à La Haye pour saisir la Cour Pénale Internationale pour l’ouverture d’une enquête internationale sur ce carnage. L’Union européenne finance le Rwanda et les États-Unis ont de “bonnes discussions” avec Kigali. La boucle est bouclée. Les Congolais ont bien compris que l’UE, Washington et le Rwanda travaillent ensemble dans le seul but d’exploiter “gratuitement” les ressources naturelles en RDC. Et avec tout ceci, la RDC est toujours sous embargo pour les armes. Drôle de façon de se placer en défenseur de la démocratie et des droits humains partout dans le monde. États-Unis et Union européenne ou encore l’ONU ont sérieusement encore une once de crédibilité dans le monde ?
3. Les armes fournies par l'Occident à l'Ukraine apparaissent en Afrique
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Le président nigérian s’inquiète de l’arrivée d’armes en provenance du conflit ukrainien dans la région, impactant ainsi la sécurité aussi bien d’une des principales puissances africaines, que des autres pays voisins. Comme prédit - l’Occident semble perdre complètement le contrôle sur ses livraisons massives d’armes en faveur de Kiev.
Muhammadu Buhari, président du Nigéria – la première puissance économique africaine en termes de PIB nominal et la deuxième en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat – a déclaré récemment que des armes en provenance du conflit ukrainien se glissent désormais dans la région du bassin du lac Tchad. Le chef d’État nigérian a lancé cet appel dans son discours d’ouverture du 16ème Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), qui s’est déroulé dans la ville d’Abuja, la capitale du Nigéria. « Il faut cependant préciser que malgré les succès enregistrés par les vaillantes troupes de la MNJTF (Force multinationale mixte, composée des Forces armées du Nigéria, du Cameroun, du Bénin, du Niger et du Tchad, ndlr) et les différentes opérations nationales en cours dans la région, des menaces terroristes rôdent toujours dans la région, et malheureusement, la situation au Sahel et la guerre qui fait rage en Ukraine sont des sources majeures d'armes et de combattants qui renforcent les rangs des terroristes dans la région du lac Tchad », a déclaré le président nigérian.
« Ce mouvement illégal d'armes dans la région a intensifié la prolifération des armes légères et de petit calibre qui continue de menacer notre paix et notre sécurité collectives dans la région », a ajouté Muhammadu Buhari dans son discours. Les déclarations du président nigérian ne font que confirmer les nombreuses prévisions et mises en garde sur les livraisons massives et incontrôlées d’armes en faveur de l'Ukraine de la part de l’axe otanesque et de l’Occident. Et cela depuis de longs mois. Au point que même certains représentants de régimes occidentaux avaient fini récemment par admettre timidement cette réalité. Il est donc parfaitement compréhensible pourquoi le président nigérian tire aujourd’hui la sonnette d’alarme, compte tenu des risques sécuritaires non pas seulement pour le Nigéria, mais également pour de nombreux autres pays de la région. Sans oublier évidemment les défis face au terrorisme dans le Sahel. Mais au-delà du fait que l’Occident ne contrôle effectivement pas les processus post-livraisons de ses armements à destination de Kiev dans le but de combattre la Russie, la situation actuelle devrait nous interpeller sur un autre aspect. Et si ce flux d’armes à destination des réseaux terroristes opérant en Afrique en provenance de l’Ukraine était voulu par l’establishment occidental ?
Surtout lorsqu’on sait que les nombreux problèmes sécuritaires sur le continent africain, y compris dans la région du Sahel, sont justement le « fruit » des actions occidentales. A commencer par la destruction de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi par l'OTAN et en poursuivant par le manque total d’efficacité dans la lutte antiterroriste annoncée par des États comme la France et d’autres régimes otanesques.
Last but not least, il n’est pas à exclure que l’Occident nostalgique de l’unipolarité soit d’autant plus intéressé par une nouvelle vague de propagation terroriste en Afrique, dans l’objectif de punir les pays africains – qui pour de nombreux d’entre eux ont refusé de se joindre à la coalition anti-russe promue par l’establishment occidental. Provoquant l’hystérie collective du côté des régimes atlantistes. A ce titre, le Nigéria peut également faire partie des cibles privilégiées, car au-delà d’être l’une des principales puissances du continent africain et ayant dû faire face aux défis sécuritaires, notamment contre la secte terroriste de Boko Haram – avait fait partie des pays n’ayant pas soutenu la dernière résolution occidentale anti-russe votée à l’Assemblée générale de l’ONU, le mois dernier. Dans tous les cas, il devient aujourd’hui évident que les nations africaines doivent plus que jamais s’unir dans un cadre panafricain et accroître l’interaction avec les puissances non-occidentales dans l’objectif de faire efficacement face au chaos promu et propagé par l’Occident, qui refuse obstinément à reconnaître l’ère multipolaire mondiale. Des mesures fortes, ciblées et si nécessaire radicales devront fort certainement être engagées dans les plus brefs délais.
Après tout, si l’effet boomerang de la politique otanesque se retourne contre ses instigateurs – cela est une chose, même si c’est encore une fois les populations concernées qui en paieront le prix fort. Mais ce n’est certainement pas au monde non-occidental de payer un quelconque prix pour les folies d’un Occident complètement malade et en chute libre.