Les titres de la rédaction :
Le Japon soutient l'octroi d'un siège permanent à l'Union africaine au sein du Conseil de sécurité
L'entretien du président XI avec son homologue ivoirien
Guinée : les politiques économiques du gouvernement rendues publiques
Mali : les MSF visés !
Les analyses de la rédaction :
1. Mali : DGSE, la main prise dans le sac !
Le fait d’interdire l’activité d’un réseau de financement occulte spécialement conçu à l’intention des terroristes dits djihadistes en action au Sahel, c’est une chose, le fait de le démanteler pour de bon afin qu’il cesse de fonctionner, c’en est bien une autre. Surtout quand l’interdiction vient d’un État malien fraîchement sorti de huit ans d’occupation de l’armée française et qui continue à se battre à la fois et de façon simultanée sur deux fronts, l’un, l’opposant au terrorisme sponsorisé et instrumentalisé par l’Occident, l’autre, l’engageant à se faire restituer, parcelle par parcelle, sa souveraineté bafouée. Cela fait trois jours que Bamako a intimé à l’ONG suisse, « l’Appel de Genève », l’ordre de cesser son action sur le territoire malien, une ONG qui soit-dit en passant, n’a pas honte de réclamer sur son site web qu’elle entretient des liens directs avec les terroristes et les « autorités de facto » liées à ces mêmes terroristes et ce, pour le grand bien des populations qui en sont victimes ! Soit. Mais cela fait déjà un mois que le gouvernement malien a interdit aux ONG françaises ou pro-France d’opérer au Mali. Or depuis quelques heures, on apprend que l’ONG française, MSF, dit Médecins Sans Frontières, a perdu l’un de ses travailleurs dans la région de Gao, de là Barkhane a été lamentablement chassée voici quelques semaines par les FAMAs.
L’AFP écrit : « Un travailleur de l'ONG Médecins Sans Frontières (MSF) a été enlevé à Gao, la plus grande ville dans le nord du Mali, a appris mardi 20 décembre l'AFP de sources policières et auprès d'un élu local. Le (lundi) 19 décembre vers 02H00 (GMT et locales), un travailleur de MSF a été enlevé par des hommes armés dans un quartier de Gao ».
Et l’AFP de poursuivre : « Le travailleur enlevé (est) un logisticien de MSF à Gao », a dit la deuxième source policière. Des « efforts (sont) en cours. Les kidnappings sont un des aspects des violences dont est la cible le Mali, qu'il s'agisse d'étrangers ou de Maliens. Les motivations, idéologiques ou crapuleuses, vont de la demande de rançon à l'acte de représailles en passant par la volonté de marchandage. »
Qu’est-ce qui choque en premier lieu l’observateur averti un tant soit peu au courant du droit international, une fois la lecture de ce texte fini ? Et bien le fait que la France se permette un mois après la demande officielle de l’État malien de retirer ses ONGs, d’afficher une totale indifférence et de continuer à faire marcher au Mali ses boites humanitaristes y compris MSF qu’on sait d’ailleurs être une filiale de la DGSE ! Ce mépris du droit international et de la souveraineté malienne qui s’affiche sous prétexte de l’humanitaire est autant révoltant que cet autre terrain où Paris faisant peu de cas de la souveraineté malienne, continue à se comporter en agresseur, et à user et à abuser du pacifisme d’un peuple malien qui évite certes, des frictions, mais qui n’en reste pas moins déterminé à aller jusqu’au bout pour se faire respecter : cela fait prés d’un an en effet que le Mali a fermé son ciel à Barkhane et lui a interdit son espace aérien, mais des violations répétées de l’espace aérien malien se poursuivent, ce qui ne devrait susciter aucune protestation de la France, si d’aventure, les drones ou les chasseurs français venaient à être visés par la DCA malienne qui se trouve bien installée au pays depuis que la Russie en a livré les pièces aux FAMAs.
A partir de là, la question qui se pose est la suivante : comment faire pour faire entendre la raison à une puissance colonialiste aux abois, mais obstinée qui refuse de se rendre à l’évidence ? L’affaire des soldats ivoiriens que la DGSE avait fait envoyer à l’aéroport de Bamako pour faire aux frais de la Côte d’Ivoire et de ses relations avec le Mali un coup bas anti malien est bien là pour nous en donner les éléments de la réponse : l’État malien n’a pas hésité à leur mettre la main dessus et à faire d’une menace sécuritaire, une vraie opportunité puisque ces militaires soi-disant ivoiriens constituent désormais une preuve vivante contre la France et plaident en faveur de sa complicité avec le terrorisme jihadiste au Sahel. Quelque chose nous dit que l’affaire de ce travailleur du MSF « enlevé » à Gao, sur la nationalité de qui l’AFP met si anxieusement l’accent pour faire disparaître tout soupçon, renvoie à peu près à la même problématique. Surtout que l’intéressé dixit, l’AFP est un « logisticien » et que ce genre de métier sert bien plus la DGSE que des hôpitaux de fortunes que MSF fait dresser au Sahel sous prétexte de vouloir soigner les Africains, mais à vrai dire pour faire tester les médicaments des labos pharmaceutiques occidentaux !
2. RDC-Rwanda : quand l’Occident s’en mêle !
L’Allemagne, les États-Unis, la France commencent à hausser le ton contre le Rwanda concernant son soutien au M23.
Après les États-Unis, c’est au tour de la France de mettre la pression sur Kigali. En effet, dans un communiqué rendu public le 20 décembre dernier, Paris, sans s’embarrasser de circonlocutions diplomatiques, condamne le soutien du Rwanda au M23.
« Nous condamnons le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23, et nous demandons que les processus de Luanda et de Nairobi puissent être intégralement mis en œuvre », a déclaré, à la surprise générale, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, au cours d’un point de presse. Pour une prise de position très attendue, c’en est une puisque Paris, jusque-là, s’était montrée très réservée sur le sujet, préférant jouer la carte de la prudence. Maintenant, elle a franchi le pas là où bien des pays européens hésitent encore. Peut-être a-t-elle voulu prendre les devants puisqu’il se susurre qu’un nouveau rapport onusien sera rendu public dans les heures à venir, qui accuse de nouveau, Kigali de soutenir directement la rébellion du M23 qui, faut-il le rappeler, a repris les armes fin 2021, et contrôle, à ce jour, de larges portions du Nord-Kivu, si elle n’est pas aux portes de Goma, la capitale provinciale. Cela dit, quel impact la sortie de Paris peut-elle avoir sur Kigali qui a toujours démenti tout lien avec les rebelles du M23 ? On attend de voir. Il faut même craindre que cette prise de position des autorités françaises ne provoque une brouille diplomatique entre Paris et Kigali.
Ce n’est pas exclu, surtout quand on sait que les relations entre les deux capitales, après plusieurs années de tempête, sont en voie de normalisation au point que le président Emmanuel Macron, pour accélérer les choses, avait soutenu la candidature du Rwanda à la tête de la Francophonie en 2018. Mieux, pour se distinguer de ses prédécesseurs, le locataire de l’Elysée avait effectué un voyage officiel au Rwanda en 2021. C’est, du reste, ce rapprochement qui avait favorisé le déploiement de l’armée rwandaise dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Mozambique où, on le sait, la France a des intérêts avec un projet d’exploitation gazier pour l’entreprise Total. Pour toutes ces raisons, on peut dire que Paris a pris un risque en jetant une pierre dans le jardin du président Paul Kagame qui n’hésite pas parfois à répondre du tac au tac. Cela dit, plutôt que de s’inscrire dans le déni, Kigali ferait mieux de se remettre aussi en cause. Car, si tout le monde l’accuse, c’est qu’elle doit avoir des choses à se reprocher, surtout que le président Kagame a toujours reproché à la RDC d’avoir offert le gîte et le couvert à des génocidaires qui tentent de déstabiliser son pays. Il a peut-être raison, mais il oublie volontiers qu’aucune solution durable, dans le cas d’espèce, ne peut être trouvée si ce n’est par le dialogue et la voie diplomatique.
Mais pourquoi un tel revirement de situation ?
Selon certains analystes politiques, il est de toute façon clair que ces pays occidentaux sont en train de jouer un jeu de dupe, vu que les condamnations s’arrêtent qu’à des discours ; vu qu’aucun régime de sanction n’a été mis en vigueur contre Kigali. Selon ces experts, il serait possible que les avancements du M23 soient en train d’empiéter sur les terres où se trouvent justement les intérêts de ces pays occidentaux. Visiblement, tant que les rebelles du M23 s’approchaient de Goma, les pays occidentaux gardaient le silence. Mais, au fur et à mesure que les rebelles ont avancé, les États-Unis, la France et l’Allemagne ont commencé en quelque sorte à dire stop à Kigali, comme s’ils ne voulaient pas que les rebelles avancent plus que cela. Ces dernières années, on a bien pu constater que les pays occidentaux ne condamnent jamais les actes commis dans les pays d’Afrique de manière anodine. Dès que leurs intérêts sont menacés, ils commencent à émettre des discours de condamnation. Le Rwanda prendrait-il la grosse tête ? Dépasserait-il les limites que les États occidentaux avaient placées concernant l’envahissement de l’est de la RDC ? Pourquoi maintiennent-ils l’embargo sur les armes pour la RDC ? Et pourquoi aucun régime de sanction n’est mis en place contre le Rwanda ? Des comportements des plus suspect.
Quoi qu’il en soit, le peuple congolais se sent toujours d’attaque pour rejoindre le front et combattre les groupes rebelles qui sèment l’insécurité dans l’est de leur pays et qui massacrent quotidiennement le peuple congolais, dans le silence de la Communauté internationale.
3. Rwanda-Angleterre : une route d'esclave se met en place ?
Ça y est, le Rwanda est devenu la succursale de Londres pour les réfugiés.
Après plusieurs mois de procédures judiciaires, la Haute Cour de Londres a estimé que l’envoi de demandeurs d’asile au Rwanda était légal.
La Haute Cour de Londres vient d’officialiser la légalité du plan du Royaume-Uni qui vise à expulser des migrants et réfugiés demandeurs d’asile vers le Rwanda. Si la décision peut encore être contestée devant les tribunaux, Kigali peut donc devenir la terre d’accueil des demandeurs d’asile d’Angleterre, comme cela avait déjà été annoncé en avril dernier. Plusieurs demandeurs d’asile, mais également un syndicat de fonctionnaires de garde-frontières, avaient contesté l’annonce faite, à l’époque, par le Premier ministre d’alors, Boris Johnson. Alors que la ministre anglaise de l’Intérieur, Priti Patel, s’était rendue au Rwanda pour finaliser cet accord, les ONG britanniques avaient déploré l’« inhumanité » de leur gouvernement, tout comme la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Pourtant, dans les actes, cela n’a l’air de déranger personne au sein de la Communauté internationale.
Entre Londres et Kigali, l’accord part sur une période de cinq ans, pendant laquelle les demandeurs d’asile qui arriveront au Royaume-Uni seront envoyés au Rwanda lors d’un aller simple. C’est le Rwanda qui décidera si ces demandeurs peuvent obtenir ou non le statut de réfugié et ainsi rester dans le pays est-africain. En cas de refus, ils pourront tout de même demander à s’installer au Rwanda ou dans un autre pays. Sont concernées les personnes qui fouleront le sol anglais par « des méthodes illégales ou dangereuses ». De quoi concerner les réfugiés qui tenteront d’emprunter, sans papiers, le Tunnel sous la Manche ou des ferries. Plus de 44 000 personnes ont déjà emprunté cette voie pour se rendre au Royaume-Uni cette année. Un record.
Un billet simple pour une dictature sanguinaire ?
Le verdict de la Haute Cour de Londres interpelle en tout cas les ONG humanitaires. Ces dernières estimaient, depuis avril, qu’il était contre les droits humains que d’autoriser le Royaume-Uni à envoyer ses réfugiés dans un « État autoritaire avec des niveaux de surveillance extrêmes » et qui « torture et assassine ceux qu’il considère comme ses opposants ». La Cour en question a indiqué que le programme initié par Boris Johnson n’allait pas à l’encontre de la Convention des Nations unies sur les réfugiés ni les lois qui concernent les droits de l’Homme. Mais la Haute Cour a nuancé son propos, demandant que soient réétudiés les cas de huit demandeurs d’asile qui devaient être envoyés au Rwanda.
Du côté de l’Angleterre, on espère pouvoir accélérer la mise en place du plan de déplacement des demandeurs d’asile. La ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, indique que son « rêve » est de faire décoller un vol vers le Rwanda avant Noël. Si elle se dit « prête à se défendre contre toute nouvelle contestation judiciaire », il faudra cependant sûrement attendre un potentiel appel, en janvier prochain. De quoi provoquer la colère du gouvernement britannique, qui espérait pouvoir envoyer avant le mois de juin dernier « toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni », sans limite de nombre. Selon les dires du Rwanda, Kigali peut traiter 1 000 dossiers de demandeurs d’asile pendant la période d’essai de l’accord, mais cela pourrait aller au-delà.
Une opération, en tout cas, qui provoque un tollé. Même la compagnie aérienne qui avait contractualisé avec le gouvernement pour envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda, Privilege Style, s’est retirée, résiliant son contrat avec le ministère de l’Intérieur. Le deal entre Londres et Kigali a déjà coûté 140 millions de livres sterling au Royaume-Uni. Londres se dit prêt à payer plus si le Rwanda arrive à traiter un nombre plus important de dossiers de demandeurs d’asile.
En quoi ce deal avec Londres pourrait bien servir à Kigali ? Est-ce que le Rwanda compte utiliser ces nouveaux migrants pour les insérer dans son armée nationale, ou bien dans le groupe de rebelles du M23 pour continuer les massacres dans l’est de la RDC ou encore ces migrants serviront-ils de main d’œuvre pour le Rwanda ? Bref, cette affaire ressemble plus à une traite d'esclave qu'à un simple renvoi de migrants.
Alors que le monde entier accuse Paul Kagame de dictateur sanguinaire, Paris, Washington et Londres sont tout de même en train de développer leur relation diplomatique avec Kigali sans broncher. Ce qui montre encore une fois que ces pays occidentaux n’en ont rien à faire des pseudo droits de l’Homme, tant que leurs intérêts restent en place.