Pourquoi Ouattara refuse de livrer Keïta même au prix de laisser ses soldats dans les prisons maliennes
Actualité en Afrique :
-Afrique de l’Ouest : Le président du Ghana appelle à une action régionale contre les attaques visant l’éducation
-L’Ouganda corse les sanctions contre les cybercriminels
-Sénégal : le secteur minier verse 24 milliards FCFA de redevance en 2020
-Burundi : le Premier ministre sortant accueille son successeur
Analyses de la rédaction :
Mali : Barkhane traduit en justice
Qu’est-ce qui pousserait les autorités maliennes à exiger noir sur blanc au gouvernement ivoirien d’extrader vers le Mali d’anciens dirigeants du pays en échange des soldats ivoiriens ?
Selon RFI, les autorités maliennes de transition exigent que la Côte d’Ivoire extrade les personnalités politiques maliennes qui ont trouvé refuge à Abidjan. C’est une condition pour la libération des militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet dernier et toujours détenus.
Vendredi soir, dans un communiqué de la présidence malienne, le colonel Assimi Goïta lie clairement les deux dossiers : pas de libération de soldats ivoiriens sans extradition des politiques maliens en « contrepartie ». Abidjan est en colère. « Nous considérons désormais qu’il s’agit d’une prise d’otage et d’un moyen de chantage. » Cette source proche de la présidence ivoirienne, qui préfère pour le moment s’exprimer hors micro, est outrée. « Ils veulent faire payer au président Ouattara l’embargo décidé par la Cédéao et l’Uemoa », estime cette source, en référence aux sanctions décidées par les organisations ouest-africaines et qui avaient frappé le Mali pendant six mois, entre janvier et juillet dernier, pour obtenir des engagements sur la tenue de futures élections. « Ces deux questions ne peuvent pas être liées, c’est du règlement de compte », juge encore cette source, qui assure que la libération des trois soldates, il y a tout juste une semaine, était censée être « le début d’un processus » et que les propos tenus vendredi par le président malien, le colonel Assimi Goïta, tiennent du « changement de discours ».
Toujours selon RFI, cette demande du Mali cacherait des intentions économiques derrière elle.
« Sur le plan économique, justement, le Mali souhaite que le président ivoirien Alassane Ouattara use de son influence pour obtenir des financements auprès de la Cédéao. Sur ce point, « le président Ouattara n’a pris aucun engagement, mais il pourrait plaider pour le Mali », assure notre source proche de la présidence ivoirienne, qui ajoute : « Mais seulement si les relations entre les deux pays vont dans le sens d’une normalisation, et en aucun cas en contrepartie de la libération de soldats qui n’ont rien fait. »
Mais le Mali, ce pays qui a été l’initiateur d’une lutte anti-colonisation sans précédente au Sahel et qui est allé jusqu’à fermer son ciel aux vols de Barkhane et cie, d’expulser toute organisation liée à l’Occident de son territoire et encore plus, de faire traduire la France devant l’ONU, chercherait-il cette médiation ivoirienne pour un soutien financier de la CEDEAO, cette instance téléguidée par l’Occident qui n’a pas réussi à faire pousser le Mali a renoncé à sa souveraineté même en imposant de lourdes sanctions ?
Mais l’affaire ne semble pas aussi simple.
Depuis que le Mali et plus précisément, le ministre malien des AE a annoncé haut et fort que son pays détenait des preuves selon lesquelles la France est accusée de fourniture d’« armes » et collecte de « renseignements au profit des groupes terroristes » et complicité avec les terroristes voir le soutien militaire direct, « espionnage » et « intimidation » des forces armées maliennes (FAMa)…, l’axe US-OTAN se voit tombé dans un pétrin auquel il est très difficile de s’échapper. Ces personnes dont le Mali exige l’extradition pourraient avoir des preuves supplémentaires sur cette affaire, d’où cette tentative de RFI de lier sans aucune logique, cette demande malienne à une cause financière !
L’État malien projette d’avoir des témoins vivants pour cette complicité honteuse qui a justifié près d’une décennie l’occupation militaire du pays. On se rappelle fort bien que Karim Keita a été visé par un mandat international exigé par l’État malien dans le cadre d’une affaire lié au secteur de l’armement.
Quelle pourrait être cette affaire ? La France a-t-elle peur ?
Spéculons : Keita aurait transféré les armements de Barkhane aux terroristes ; n’est- ce pas une accusation qui, si elle est prouvée mérite que la France soit visée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies ?
D’ailleurs, l’affaire tombe bien puisque la Russie membre du conseil de sécurité ne demande que ça.
Et dans toute cette histoire, on se demande si ce navire français qui vient d’accoster à Abidjan, est oui ou non, un épouvantail brandi à l’adresse d’Ouattara qui pourrait perdre son fauteuil de président à la manière de Gbagbo, s’il finit par extrader les preuves vivantes de la France au Mali.
Togo/Ghana : Togoland est aux Africains
Cela fait deux ans que les agences de notation ont commencé à s’emporter contre le Togo et le Ghana, quitte à renier le taux de croissance extraordinaire réalisé par ces deux économies performantes.
Alors que le Ghana, est un pays avec un taux de croissance très élevé et que même les médias mainstream avouent que ce pays est une très bonne destination pour les investisseurs, l’axe occidental pousse par le biais du FMI le Ghana à s’endetter davantage et de tomber dans le piège de « programmes de soutien économique »
« Le Ghana est une destination de choix pour les entreprises aussi bien pour des raisons politiques que sociales », explique Armelle Sae-Jeanne. « De fait, le Ghana est devenu une république en 1960 et n’a connu que des alternances démocratiques et pacifiques depuis l’avènement du multipartisme au début des années 1990 », ajoute-t-elle. Cette stabilité est appréciée par les entreprises françaises qui s’exportent.
Mais le cas ghanéen qui a stupéfié le monde de finance quand les trois principales agences de notation internationales, Moody’s, Standard and Poor’s et Fitch ont dégradé la note souveraine du Ghana, qualifiant sa dette de spéculative. Pourquoi cet abaissement ?
Cela pourrait être en rapport avec les réglementations plus strictes décidées par le Ghana et le Togo vis-à-vis de leur frontière maritime.
Le Ghana et le Togo ont trouvé le 8 septembre 2022 quelques points d’accord sur la délimitation de leurs frontières maritimes communes, à l’issue du 10e round des négociations à Lomé.
Précisément, les deux parties se sont entendues sur la ligne de base à partir de laquelle seront mesurés les différents espaces maritimes, les eaux territoriales, la zone économique exclusive ainsi que le point de départ de la délimitation de l’espace maritime. Sur cette base, relaie-TogoFirst, « sera tracée la ligne de délimitation, conformément à la Convention de Montego Bay et au droit de la mer ».
À la suite de ces points d’accord, le ministre togolais de l’Économie maritime, Edem Kokou Tengué, s’est félicité de « l’engagement constant des deux pays à rechercher un consensus juste et équitable autour de la question de délimitation des frontières ». Pour sa part, la partie ghanéenne soutient que Lomé et Accra « seront appréciés au plan international si les négociations aboutissent ».
Mais cela pourrait plus directement être en rapport avec le Togoland.
Le Togoland est un ancien protectorat allemand qui a existé entre 1884 et 1914. Après la Première Guerre mondiale et la défaite de l’Allemagne, ce territoire qui a la taille de la Belgique a été divisé entre la France et la Grande-Bretagne sous la supervision de la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU.
La partie confiée à la France devient indépendante en 1956. Après un référendum la même année, celle des Britanniques est rattachée au Gold Coast, l’actuel Ghana. 64 ans après, une partie de la population de cette région du sud-est du Ghana réclame l’autonomie, s’estimant lésée en dépit de nombreuses richesses naturelles dont regorge cette partie du Ghana.
Les autorités ghanéennes se sont toujours opposées à ces velléités indépendantistes insistant sur l’indivisibilité du pays inscrit dans la Constitution. Ce qui veut dire que généralement, les Ghanéens se sentent avant tout Ghanéens et depuis ce qui s’est passé en 1882, les populations d’Afrique ne sont pas vraiment pour les divisions. En effet, elles prônent l’union.
Il semblerait que le projet d’occupation déjà échoué au Sahel est également en cours d’échec en Afrique de l’Ouest.
Mais les deux pays savent à qui ils ont affaire et ils ne cessent de se rapprocher.
Que cherche le président polonais au Sénégal ?
Le président de la République de Pologne Andrzej Duda est arrivé jeudi à Dakar dans le cadre d’une visite officielle de 48 heures. Cette visite s’inscrit dans le cadre d’une tournée du dirigeant polonais dans la sous-région ouest-africaine.
« Un élément important des discussions bilatérales sera le sujet de la coopération potentielle dans le secteur de l’énergie. Le Sénégal est riche en gisements naturels, y compris le gaz dont la production est prévue pour 2023 », lit-on dans les infos.
Que signifie cette visite dans la conjoncture actuelle ? Écoutons l’analyse de Luc Michel, géopoliticien à ce sujet.