Réquisitoire du Mali contre les ingérences militaires françaises.
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Analyse de la rédaction :
1. Pourquoi la France a peur des Su-25 maliens ?
Non et non et non ! RFI ment quand il dit : « Le Mali et la France s’écharpent lors du Conseil de sécurité de l’ONU ». Ce dont le ministre malien des Affaires étrangère a fait au Conseil de sécurité ce mardi, a largement dépasser le stade d’une dispute. C’est carrément une déclaration de guerre.
Mais qu’a-t-il dit cet excellent diplomate qu’est Diop ? Il a mis en garde la France contre le maintien de son agression armée qui, l’expulsion des forces françaises du territoire malien oblige, a pris une forme à la fois latente et patente : latente puisque le travail de la DGSE contre la sécurité nationale malienne se poursuit de plus bel en termes de recrutement et d’organisation des groupes terroristes en provenance de la Libye entre autres et en direction du Mali avec son cortège d’opérations et d’attaques terroristes contre le Nord et le centre du pays ; et patente, puisque l’armée de l’air française continue à mépriser l’interdiction faite par Bamako de survoler l’espace aérien malien.
Se référant au silence radio de l’ONU sur ce dossier, Diop a dit :
« Il est surprenant que, dans le cadre du récit factuel, le rapport du Secrétaire général ait passé sous silence la saisine du Conseil de sécurité par le Mali le 15 août 2022, pour ce qui concerne les tentatives de déstabilisation et les violations répétées de l’espace aérien par les forces françaises. Ces actes d’agression d’une extrême gravité, qui constituent une violation de la Charte des Nations Unies et du Droit International, ne doivent pas rester sans suite. Le Mali renouvelle sa demande d’une réunion spécifique du Conseil de sécurité qui lui donnera l’occasion de présenter les preuves concrètes des actes de duplicité d’espionnage et de déstabilisation de la France à l’encontre du Mali y compris le partage de renseignements et le largage de matériels militaires au profit des organisations criminelles qui sont à l’origine de l’insécurité et des violences contre nos populations civiles qui attendent du conseil de sécurité qu’il assume sa responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. »
Et puis prenant à témoin l’opinion publique nationale et internationale qui « doit être édifiée sur les causes de l’insécurité, de la déstabilisation et de l’expansion du terrorisme dans le Sahel », le Mali a dénoncé la guerre par procuration qui lui est imposée tout comme les manœuvres et entraves à la tenue de la réunion spécifique. En tout état de cause, le Mali a déclaré « se réserver le droit de recourir à la légitime défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies et à la lettre n° 444/MAECI en date du 15 août 2022 du Gouvernement du Mali au Conseil de sécurité, si la France continue à porter atteinte à la souveraineté du Mali, à son intégrité territoriale et à sa sécurité nationale.
Diop exagère-t-il ? En effet, ce réquisitoire qui demande évidemment des preuves pour être complet tend à convaincre dans la mesure où une France « innocente » respectueuse du choix souverain du peuple malien n’aurait jamais usé de son droit d’ingérence au sein de conseil de sécurité de faire capoter sans cesse l’appel de Bamako à ce que soit tenue une réunion où des preuves de criminalités de la France seraient présentées.
En empêchant que cette réunion ait lieu, Paris reconnaît sans le vouloir évidemment, que le trafic d’arme qu’évoque Diop et qui va évidemment avec son soutien indirect aux réseaux terroristes en action au Sahel existe et que malgré son expulsion du Mali ils continuent à défier les Maliens. Dès lors le grand « si » du discours de Diop pourrait n’être qu’une tournure rhétorique ou ce qui revient au même sa menace de recourir à l’article 5 de la charte de l’ONU et partant au principe de légitime défense, risque de se concrétiser.
La question qui se pose d’emblée est la suivante : comment le Mali défendra sa sécurité ? À lire plus attentivement le discours du ministre malien des Affaires étrangères, il est clair que tout devra se passer au niveau du ciel car c’est depuis l’espace aérien que des armes sont régulièrement larguées par Barkhane aux terroristes anti Maliens, ou c’est encore dans le ciel que les Mirage et les drones américains de l’armée française tuent et terroristes et la population.
Le Mali dispose-t-il de quoi cibler l’armée de l’air française puisque l’interdiction du survol de son ciel n’est pas respecté par la France ? Ce fut en mai que la Russie a fourni aux FAMAs radars dernière génération capable de détecter en 3D des objets volant à une vitesse pouvant atteindre 8 000 km/h et c’est d’ailleurs à l’aide de ce même radar que l’armée malienne est capable aujourd’hui de détecter les agissements aériens de la France. Les images de ces détections font d’ailleurs bien peur à Paris et expliquent en grande partie son obstructionnisme.
Mais outre ce radar, le Mali a-t-il des missiles intercepteurs propres à intercepter et faire descendre avions et drones ennemis ? Aucune source n’a évoqué jusqu’ici la présence des missiles intercepteurs dans les arsenaux maliens mais le mali possède bien des blindés sur chenilles ZSU-23/4 d’origine soviétique dont chacun dispose de quatre canons-mitrailleurs de calibre 23 millimètres. L’armée malienne possède aussi des missiles sol-air 9K32 Strela et adaptés à la défense anti-aérienne à courte portée, des Strela qui, ici au Moyen-Orient et plus particulièrement en Palestine, ont fait fuir en août les F-16 israéliens du ciel de Gaza, les poussant à utiliser des missiles Standoff pour frapper les cibles palestiniennes.
Puis au stade où elle en est la guerre Otan/Russie en Ukraine, qui dit que les Russes largement en colère contre la France qui a carrément mobilisé toute son armée et son arsenal en Europe de l’est, ne finirait pas par livrer les S-300 au Mali? Mais il y a plus : ce fut en août que le Mali a réceptionné de nouveaux équipements militaires livrés par la Russie.
Dans son allocution, le ministre de la Défense malien Sadio Camara a souligné le partenariat gagnant-gagnant avec la Fédération de Russie :
« L’Armée de l’Air comblée ce mardi 9 août 2022 par une des plus grandes acquisitions qui leur permettra de se déployer large au ciel pour assurer pleinement la surveillance des 1 241 238 km². Nous consolidons notre capacité de reconnaissance et d'attaque avec des avions de chasse L39 et Sukhoi 25, qui s'ajoutent au Super Tucano et d'autres appareils déjà en dotation. Ainsi que les hélicoptères d'attaque de type Mi24P, qui s'ajoutent au Mi35 et au Mi24 déjà livrés », a affirmé le ministre.
Quelque chose nous dit que c’est bien de ce côté là que la France a peur militairement et que c’est là que se trouve la raison du mystérieux crash du Su-25 malien d’il y a quelques jours à Gao.
Certes, les occupants français ont quitté cette région ultra stratégique il y a quelques mois. N’empêche que leurs accointances terroristes, les mêmes que Diop qualifie de dangers pour la sécurité nationale malienne, continuent à y être présentes.
Au fait, une patrouille d’Aero L-39ZA Albatros ou de Sukhoi Su-25 Frogfoot maliens, pourrait parfaitement s’en prendre à un Airbus DS A400M Atlas, à un Beechcraft Super King Air 350 Vador, ou encore à un Lockheed-Martin KC-130J Super Hercules français. Ces avions sont bien protégés contre les menaces, mais uniquement celles des missiles air-air et sol-air. Contre des tirs de canons-mitrailleurs ou des salves de roquettes, il n’y a que le professionnalisme et le sang froid des équipages pour les sauver. Éventuellement aussi la manœuvrabilité de l’avion lui-même. Or il est fort probable que les Su-25 Frogfoot maliens disposent de missiles anti-aériens si les Russes se seraient mis en tête que quelque part au Sahel aussi, ils pourraient venger leur armée de l’air régulièrement ciblée en Ukraine.
Le tout dernier Mirage 2000 français à s'être écrasé au Mali, ce fut en juillet 2021, dans la région d’Hombori, au centre du Mali. C'est donc pas trop loin.
Ce mardi, Diop n’avait pas du tout l’air d’un avocat. Il avait l’air d’un commandant qui lance presque un casus belli atour d’une expression qui n’a cessé d’être répétée dans son discours : légitime défense
2. La CEDEAO tente d’isoler le Mali-Burkina-Guinée
Le président de la Cedeao, Umaro Sissoco Embaló, a demandé au secrétaire général des Nations unies d’interdire les interventions des présidents et gouvernements de transition à la tribune de l’ONU.
Lasse d’être comparée à un « syndicat des présidents » ouest-africains ou à une organisation gérée par la France et ses alliés occidentaux, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest aimerait être désormais épargnée par les intervenants à la tribune de l’Organisation des Nations unies. Après avoir sanctionné le Mali et maintenant la Guinée, le gouvernement de la Transition du Mali avait souligné que « l’objectif initial de la Cedeao est d’améliorer les conditions de vie des populations et non d’adopter des sanctions contre-productives les affectant » comme le font régulièrement les Occidentaux.
Lors d’un discours aux Nations unies, le mois dernier, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga s’en était pris à plusieurs présidents de la Cedeao, dont Alassane Ouattara, accusé d’avoir lancé « une manœuvre pour s’éterniser au pouvoir ». À Umaro Sissoco Embaló, il avait rappelé le rôle originel de l’instance sous-régionale et indiqué que « la dynamique ayant fait la grandeur de la Cedeao ne doit pas être brisée ». Maïga avait affirmé avoir pris acte de « la menace de sanctions proférée contre le Mali. Et, loin d’être impressionné par des sanctions, je voudrais signaler au président en exercice de la Cedeao qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non sur des shows médiatiques servant des agendas étrangers ».
Une attaque en règle qui a évidemment irrité le président bissau-guinéen, actuellement à la tête de l’instance.
Selon le média propagandiste Jeune Afrique, Umaro Sissoco Embaló a adressé un courrier au secrétaire général des Nations unies, António Guterres. Le président en exercice de la Cedeao aurait exhorté le patron de l’ONU à bloquer toute intervention de la Guinée à la tribune des Nations unies. Plus généralement, le chef de l’État bissau-guinéen demande que plus aucun président ou membre d’un gouvernement de transition découlant d’un coup d’État ne soit invité à s’exprimer publiquement devant ses pairs.
Outre le Mali, le président bissau-guinéen a été également visé par le Premier ministre guinéen Bernard Goumou. Ce dernier estime qu’Umaro Sissoco Embaló est un « guignol dans le manteau d’homme d’État ». Le chef du gouvernement de transition, qui qualifie Embaló d’« amuseur public de Bissau », déclare en effet que la Guinée est devenue une « obsession » pour la Cedeao. Le président de l’instance préférerait ne plus être ciblé, notamment au moment de diriger son regard vers la tribune de l’ONU. Sa missive envoyée au secrétaire général de l’organisation internationale sera-t-elle suivie d’effet ? Cela ressemble en tout cas à une nouvelle tentative de la part de la Cedeao d’isoler la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. Mais au lieu de se mettre à dos ces trois pays, le président bissau-guinéen ferait mieux de se rallier à eux et de profiter de sa position pour apporter une aide financière et militaire à ces trois pays pour qu’ils éradiquent le terrorisme de la région et qu’ils ne donnent pas le droit d’asile aux bases militaires de Barkhane et compagnie.
Pour rappel, au début du mois de février 2022, la Guinée-Bissau a eu un avertissement. Le pays était sur le point d'être victime d'un coup d'État. Le flou qui a entouré cette tentative de putsch plane toujours, mais une fois que le président Embalo a été propulsé à la tête de la CEDEAO, la situation s’est éclaircie. Une menace à l’encontre d’Embalo pour qu’il ne s’allie pas au Mali, à la Guinée et au Burkina Faso. La menace à l’air de planer toujours au-dessus du président bissau-guinéen.
Le triangle de la résistance sahélienne se renforce grâce au fait qu’il se sont ralliés ensemble. Beaucoup d’autre État devrait faire de même au lieu de se plier aux menaces, surtout aux bluffes de la France et de ses alliés. Si l’alliance de la résistance sahélienne devient la résistance ouest-africaine, il est clair que la France et ses alliés ne pourront absolument plus rien faire.
3. Madagascar: un vote biaisé contre la Russie ?
Madagascar en a étonné plus d’un lors du dernier vote à l’ONU ! Lors de l’assemblée générale de l’ONU à New-York, la Grande île faisait partie des 143 pays qui ont condamné l’annexion d’une partie de l’Est et du Sud de l’Ukraine par la Russie.
Alors qu’en mars dernier, Madagascar a annoncé se positionner en observateur et a martelé sa neutralité dans la guerre en Ukraine malgré la pression des pays européens et des États-Unis, qui l’ont incité à condamner l’opération militaire russe. Raison pour laquelle, la Russie a déclaré officiellement son soutien à la Grande île dans le cadre de sa revendication de la restitution des îles Eparses que la France refuse toujours de respecter malgré les nombreux appels de l’ONU. Un vote qui a conduit au limogeage du ministre malgache des Affaires étrangères. Richard Randriamandrato avait été nommé en mars dernier à la tête du ministère des Affaires étrangères malgaches. Ce mardi, il a été limogé sur décision du président Rajoelina. Il lui est reproché d’avoir pris seul la décision de voter en faveur de la résolution de l’ONU condamnant « les annexions de la Russie en Ukraine », alors que Madagascar a toujours revendiqué faire partie des « pays non alignés ». Madagascar s’était toujours abstenu lors des votes sur le conflit russo-ukrainien pour marquer sa neutralité. Et l’éviction du ministre des Affaires étrangères du gouvernement suite à ce vote soulève néanmoins quelques questions. « Cette décision de voter “pour”, je l’ai prise en mon âme et conscience », affirme Richard Randriamandrato, quelques minutes après l’annonce de son limogeage. « Je ne pense pas que l’intérêt de la nation ait été mis en danger par ce vote » poursuit-il.
En revanche, à la question « cela signifie-t-il que vous avez voté en faveur de la résolution sans en avoir préalablement discuté avec le président de la République », le ministre élude : « Je ne réagirai pas là-dessus ». Le désormais ex-chef de la diplomatie indique rester loyal envers le président de la République, qui lui a fait confiance. Au ministère, la raison de son limogeage laisse perplexe. Que s’est-il passé ? Est-ce qu’on pourrait dire que beaucoup de pays ont voté sans l’approbation du chef de l’État ? Le ministre des Affaires étrangères aurait-il pris des initiatives sous la pression notamment des États-Unis ? En attendant une future nomination, c’est le ministre de la Défense qui devrait assurer l’intérim.
Depuis le début du conflit, l’Afrique a fait comprendre au monde entier que la guerre Otan-Ukraine contre la Russie, n’était pas du tout une guerre de l’Afrique. Le continent a déjà assez de guerre comme cela pour se mêler encore une fois (tout comme les premières et deuxièmes guerres mondiales) d’une guerre qui ne le concerne pas. De plus, l’histoire a démontré également qu’au lieu d’un minimum de reconnaissance de la part de l’Occident, l’Afrique a eu droit qu’à du mépris à son encontre. De plus, malgré les opérations de séduction venant de l’Ukraine, aucuns africains n’a oublié le traitement à caractère raciste infligé aux nombreux africains qui étaient présents en Ukraine au moment du début du conflit et qui souhaitait fuir la guerre. Ce qui fait qu’ils ont dû marcher encore plus et faire de nombreux détours pour pouvoir se réfugier ailleurs comme en Hongrie.
Malgré le vote, sous la pression et les menaces venant de l’Occident, les nombreux soulèvements des Africains contre les États occidentaux, montre le soutien du peuple d’Afrique envers la Russie et les pays du bloc de l’Est comme l’Iran et la Chine. Peu importe les menaces et le chantage venant de l’Occident, l’Afrique a déjà montré sa position par rapport à ce vote visiblement biaisé.